Effectuer sa vidange

Effectuer sa vidange est probablement la meilleure introduction à la mise des mains dans le camboui. On est sûr de ce qui a été fait et on ne peut s’en prendre qu’à soi en cas de connerie. Avec un tout petit peu d’expérience on évite même les erreurs des stagiaires en mécanique affectés à cette tâche dans de nombreux garages motos.

La vidange est une opération d’entretien courant qui revient régulièrement et on peut aussi être désireux de le faire sur une moto sous garantie, entre deux révisions. De nombreuses raisons peuvent amener à vidanger sans avoir parcouru le kilométrage possible : utilisation intensive (piste), stockage longue durée (l’huile s’oxyde), ville (nombreux démarrages à froid).

L’huile s’oxyde avec le temps, perds ses propriétés et se fait polluer un peu plus par l’essence à chaque démarrage à froid. Les particules dues à l’usure du moteur sont récupérées par le filtre à huile mais si celui ci se colmate l’huile deviendra de plus en plus sale et néfaste au moteur. Il vaut donc mieux une huile de qualité moyenne changée frequement qu’une bonne huile qu’on garde trop longtemps.

Note que la vidange n’est toutefois pas l’opération qui nous fera réaliser les plus grosses économies. Il y a beaucoup de pièces (dont l’huile qui coûte assez cher) et peu de main d’oeuvre. Ça reste intéressant par rapport à un concessionnaire mais beaucoup d’enseignes de services rapides ont des offres tout compris imbattables. Reste que pouvoir le faire quand on veut (genre un soir avant de partir) est un confort assez appréciable. Ça permet aussi de choisir son huile, les concessions et autres garages étant majoritairement lié à un pétrolier (contrats d’exclusivité).

Quoi qu’il faut ?

Il faut compter entre une demi-heure et une heure pour effectuer une vidange, selon l’accessibilité, le soin apporté et l’expérience.

L’outillage :

– Une clé à filtre. Ça peut être une clé à collier (sangle) adaptable à tous les filtres (y compris ceux des voiture), une clé à cloche (mais il faut avoir la cloche adaptée à son filtre), ou bien une grosse pince adaptée (c’est ce que j’ai).
– Selon le type de bouchon de vidange, une clé allen ou une clé à pipe à la bonne dimension.
– Une cuvette, ou un bidon de 4 litres ouvert sur un flanc (et au bouchon fermé !). Il existe des jerricans à vidange. Ils sont assez plats (ce qui est un avantage pour les glisser sous la moto) mais la zone « d’acceuil » de l’huile usagée est trop plate et celle-ci peut gicler à côté (c’est ce qui s’est passé avec ma CB 500).
– Un bidon vide de quatre litres environ : celui d’huile neuve une fois vidé ou bien un jerrican prévu à cet effet, pour le transport de l’huile usagée.
– Un entonnoir pour ne pas mettre de l’huile partout lorsqu’on va remplir le carter.
– Des gants en plastique ou autre mais assez épais pour ne pas se faire brûler par l’huile.
– Chiffons ou sopalin, pour nettoyer l’huile qu’on ne manquera pas de mettre à côté ou sur les outils lors de la vidange.
– Un carton qu’on dépliera sous la moto pour protéger le sol des projections d’huile, comme l’a soufflé « gs ». Note qu’on peut aussi absorber l’huile au sol avec du ciment.

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Les consommables :

  • L’huile. Ben ouais. Idéalement dans un bidon de 4 litres, pour pouvoir y stocker l’huile usagée par la suite, et / ou en faire un bac de vidange.
  • Le joint de la vis de vidange serait l’idéal, au pire on peut s’en passer, la plupart étant réutilisables. On en trouve dans le rayon auto des supermarchés, il suffit d’avoir le diamètre de la vis de vidange (de son filetage, pas de sa tête ! ).
  • Le filtre à huile éventuellement. On peut ne le remplacer qu’une vidange sur deux si elles ne sont pas trop espacées. A chacun de voir.

On a tout ? Alors c’est parti !

Tout d’abord il faut faire chauffer (un peu : deux, trois minutes) le moteur, afin que l’huile se fluidifie et s’écoule plus facilement et rapidement. Gaffe aux gazs d’échappements, toxiques. Une fois que c’est fait on met la moto à la verticale, avec sa béquille centrale, une béquille d’atelier si on n’en possède pas ou bien en redressant un peu la moto avec une cale sous la béquille (attention alors à ne pas la retourner ! On peut mettre la cale seulement pour finir la vidange, ou bien redresser la moto soit même ça sera moins risqué.

Une fois la moto en place et le carénage enlevé si nécessaire (généralement ça ne l’est pas ), on ouvre le bouchon de remplissage, on enfile les gants et on accède au bouchon de vidange. Attention au dévissage, la vis étant la tête en bas il est facile de se tromper. Pour rappel face à une vis on desserre dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. On utilise la clé qui va bien pour débloquer la vis, puis on installe la bassine (l’huile ne s’écoule qu’une fois le bouchon entièrement dévissé) et on fini le dévissage à la main. On est ainsi sur de ne pas faire tomber le bouchon (s’il plonge au fond d’un jerrican à vidange, on est pas dans la merde… ou on a un aimant). Note que l’huile ne s’écoule pas forcément verticalement, mais parfois en biais. Histoire que ça soit pas trop facile non plus.

Pendant ce temps là…

Attendre que l’huile soit bien écoulée peut prendre une dizaine de minutes. On peut en profiter pour changer le filtre à huile. Ce dernier est parfois un peu dur à desserrer, d’où l’utilité de la clé. Dans le cas d’un filtre coriace, on peut se la jouer barbare en plantant un tournevis dedans, sur son flanc, assez éloigné du moteur. On devrait alors facilement le démonter (certains mécanos le sortent de cette façon systématiquement).

On lubrifie le joint du nouveau avec un peu d’huile (usagée ou non), on nettoie la portée du joint sur le moteur et on l’installe. Le serrage se fait à la main, fermement : c’est suffisant et un filtre qui a été normalement installé (pas en forçant avec une clé) ne doit pas poser de problème lorsqu’il faut en changer. Dans le cas d’un filtre sous carter on prendra soin de bien noter son sens et l’emplacement des joints et autres ressorts. Si le filtre est à la verticale on peut le remplir d’huile pour accélérer la remise en pression (réamorçage du circuit). Fait attention à bien nettoyer les éventuelles coulures pour ne pas croire à une fuite par la suite comme ça m’est arrivé.

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On remet la vis de vidange munie de son nouveau joint. Ou pas : on peut le plus souvent garder l’ancien, à voir selon l’état. Attention à ne pas mettre un joint par dessus un autre, sur ma ZXR je me suis rendu compte à la troisième vidange que l’ancien joint était tellement écrasé que je le confondais avec la vis ! Par contre inutile de préciser qu’il faut un joint, en son absence la fuite est assurée (l’huile coulant le long du filetage).
A noter que les joints sont en cuivre ou en alu. Pas de différence. Mais certains joints cuivre sont torique neufs et s’écrasent lors du montage. Ce genre de joint n’est normalement pas réutilisable. Du coup le mieux si on ne connait pas la machine est de prévoir un joint neuf.

Arrive le délicat moment du serrage. On a tendance à serrer trop fort : peur de perdre la vis en roulant, bras de levier donné par la clé trop important (les têtes de vis pouvant aller jusqu’à 21 mm – !-), volonté d’écraser le joint de la bonne façon etc. Or un serrage trop fort c’est un foirage de filetage de carter (en alu donc fragile) ! C’est quelque chose de tellement courant que certaines chaînes de service rapide obligent leurs mécanos à utiliser une clé dynamométrique !!!
Or les vis moteur ne se perdent pas, grâce à la chaleur de ce dernier et aux dilatations qu’il entraine. Pour un bon serrage, il faut donc soit une clé dynamométrique et connaître le couple à appliquer, soit serrer fortement la vis à la main et effectuer entre un seizième et un huitième maximum de tour supplémentaire à la clé. Pour un joint à écrasement (torique creux) faire entre un huitième et un quart de tour. Il faut avoir le feeling du serrage et ne surtout pas bourriner. Et si tu psychotes vérifie-le après quelque roulages, tu verras qu’il n’aura pas bougé.
Le serrage est la seule difficulté de la vidange. Une fois effectué on essuie la vis si besoin pour pouvoir vérifier qu’on a pas de fuite après l’appoint puis quelques kilomètres de route (ou minutes de chauffe).

Met de l’huile !

On remplit maintenant le carter jusqu’à ce que le niveau soit correct. Si il se contrôle avec une jauge à tige, celle-ci doit être posée sur l’orifice et non pas vissée (sauf sur de vieilles motos européennes, à vérifier dans le manuel du propriétaire). Fais le plein d’huile doucement, en vérifiant bien que tu ne dépasses pas le niveau maxi autorisé. L’huile est facile à mettre, pas à enlever !!

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Inutile de se ruiner en achetant de l’huile de chez Super Top Racingue à 100 euros le litre. Sa qualité est définie par ses normes, pas par son prix. Et la 100% synthèse est rarement nécessaire (évite quand même de mettre de la minérale). On peut trouver de très bonnes huiles moto sous certaines marques de grande distribution. Il est même possible d’utiliser une huile voiture, mais elle n’intègrera pas certaines contraintes propres à la moto : lubrification de la boite et embrayage immergé. La sélection peut devenir dure et l’embrayage glissant. C’est donc essentiellement une histoire d’agrément.
Bien sûr ces conseils ne sont pas valables dans le cas d’utilisation intensive (piste), de moteur à haute variation de température (60 à 160° pour les moteurs refroidi par air), de démarrages à froid fréquents (ville) et de révisions éloignées (dans le temps ou en kilométrage). Là une bonne 100% synthèse sera justifiée.

Fini ? Presque.

On n’oublie pas de refermer le bouchon du carter d’huile et on met par la suite le moteur en marche deux, trois minutes. On vérifie que le voyant d’huile ne reste pas allumé et on coupe le moteur. On attends (encore) deux, trois minutes que l’huile ait eu le temps de descendre dans le carter. On vérifie alors le niveau et on fait l’appoint le cas échéant. On vérifie aussi qu’il n’y a pas de fuite d’huile au niveau de la vis de vidange ou du filtre. Si ce n’est pas le cas, well done, il ne reste plus qu’à amener l’huile vidangée dans un garage ou une station service qui s’en occupera gratuitement. On la met dans le bidon de l’huile qu’on vient de mettre ou dans un jerrican prévu à cet effet. Il ne faut bien sûr jamais s’en débarrasser dans un évier ou dans la nature, un litre d’huile pouvant polluer jusqu’à un million de litres d’eau !

Les dépots laissés par l’huile dans le bac de vidange nous renseignent sur la santé du moteur, on peut faire analyser l’huile en cas de doute. On peut aussi lors de la vidange faire couler l’huile à travers un drap ou chiffon blanc, cela filtrera les résidus qu’on pourra ensuite montrer à un bon mécano.

La distance entre le « Max » et le « Min » sur le hublot du carter ou la tige de la jauge est en gros le maximum d’huile tolérable qui peut être consommée entre deux révisions. Maintenant il faut sur de nombreux moteurs refaire l’appoint entre deux en fonction de sa santé, son type et l’usage qu’on en fait. Paraît-il qu’il ne faut pas mélanger les huiles car on peut obtenir une sorte de mayonnaise. Il m’est arrivé de vidanger la ZXR et de la remplir de Motul et Sykolène, quelques litres en synthèse les autres en semi, et je n’ai rien vu de tel. La mayonnaise est plutôt le signe d’une fuite du liquide de refroidissement dans l’huile (joint de culasse ?) : si ça t’arrive ne roule surtout pas, au risque de péter le moulin !

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