BMW voulant se défaire de leur image de motos pour papys,
les voilà qui se lancent dans une attaque frontale pure et simple avec les Japonais, les affrontant sur leur coeur de métier, la sportive performante.
Et plutôt que de tenter de prendre une voie différente comme l’a fait Triumph avec leur triple 675 (après le cuisant échec de la 600 TT), ou Ducati avec leur twin 1200 en Superbike, c’est avec un quatre cylindres en ligne et dans la même gamme de prix
que le constructeur Bavarois se lance dans la bataille !
Ok, ils devraient arriver à construire un moteur vu leurs succès en formule 1 et l’esprit sportif de leurs voitures, mais de là à espérer battre des géants dotés de décennies d’expériences et de victoires en tout genre...
Donc bon, non seulement ils ont eu les couilles d’essayer, mais avant même que leur bébé ne soit comparé à ses rivaux directs, BMW se permet d’enfoncer le clou en osant plusieurs artworks où quelques symboles Nippons subissent une attaque en règle ! 
Et contre toute attente, ils ont réussi. Profitant de l’endormissement des quatre grands sur leurs lauriers, l’estocade a fait mouche.

Esthétisme, moteur, caractère, freinage, châssis, la
S1000 RR ne pèche nul part, s’autorisant même quelques camouflets surprise. Le look, d’abord, superbe avec ces ouïes de requin sur le flanc, le feu arrière, la coque, les feux asymétriques donnant une signature visuelle forte.

Il n’était pourtant pas facile d’innover vu le nombres de choses qui ont déjà été faites ! La
S1000RR est du même niveau que
la HPS Sport, et ce n’est pas peu dire.
Le moteur, ensuite. Donné pour 193 chevaux (record de la catégorie) c’est le seul moteur à ma connaissance à en développer plus que sa fiche technique !

Il a plusieurs fois dépassé les 200 chevaux au banc !! Et en Superbike Français où les moteurs sont stocks, il sort une
quinzaine de chevaux de mieux que ses concurrents !!! Putain, ça cause quand même !

De plus BMW a compris qu’elle ne se vendrait pas sans débridage facile. Résultat, il suffit de shunter deux fils.

Trop fort BM. Il est loin le temps de
la K1200 S !
En vraie, la moto est toujours aussi belle et un peu trapue (moins que
la R1 2009). Elle semble petite, mais je caserai mes 188 cms dessus sans soucis.

L’appui sur les bracelets est acceptable mais mes 100000 bornes en sportives ne me rendent pas très critique. D’ailleurs j’aurai quand même vite des fourmillements aux mains. Les rétros sont utilisables à moitié, les leviers réglables et, bonne surprise, les commodos à la japonaise !

Yesss.
Plusieurs choses sont originales et bien pensées, comme la clé de contact qui fait tournevis : cela permet de régler son hydraulique. Ou encore le coupe-contact qui fait aussi démarreur.

Avant de m’élancer je note une garde au levier d’embrayage assez courte, on est quasi immédiatement en prise. La moto essayée était dotée d’un shifter et je sentais dans ce même levier un "retour" lorsque je passais les vitesse au shifter.

Gênant mais sûrement qu’un petit réglage à peaufiner.
Le shifter était somme toute agréable, mais bon, celui qui a l’habitude de passer les vitesses à la volée s’en passera. A noter, il ne permet pas de descendre les rapports, en tout cas pas proprement...

Niveau châssis rien à redire sur le freinage, avant comme arrière. Le train avant m’a plu mais moins l’arrière, j’ai senti comme un truc qui clochait par moment. Peut être que c’était dans ma tête. Une petite inertie au changement d’angle se faisait sentir, chose propre je pense à tous les gros 1000.
La moto étant sans surprise bridée, je ne m’étendrais pas plus que ça sur le moteur. Il a toutefois fait montre d’une belle progressivité et souplesse : même en 100 chevaux il était marrant (enfin pas au point de la laisser bridée non plus, hein

). Il donne déjà du bon POWAA, sans pour autant me permettre de lever facilement en deux.

Le son du joli silencieux était super présent, à tel point d’ailleurs que certains auraient été emmerdés lors de journée piste !! Le fabricant des motos de nos chères forces de l’ordre qui fait du politiquement incorrect, le monde à l’envers.

Pour finir l’ergonomie. Quel plaisir de faire corps avec la machine, d’avoir une telle réserve de puissance sous le ventre (qui a dit "ça change" ?

), en full ça doit être
terrible.

Je suis décidemment toujours autant amoureux des sportives, à la
passion qu’elles véhiculent ! A leur
look ! Leur
couple ! Leurs
watts ! Leur
châssis !

J’en serai presque malheureux de m’éclater autant sur les mini routes de chèvres (les blanchettes Michelin) auxquelles elles sont si peu adaptées.
Un immense bravo donc à BMW pour leur magnifique sportive,

qui devrait être déclinée en 600. Pourtant, malgré la bonne presse de leur moto (et surtout, de mon avis positif

) le succès de BM dans cette catégorie hyper concurrentielle n’est pas totalement assuré. Même si l’attrait de la nouveauté et sa domination sur les Japonaises jouent pour elle, le danger pourrait venir d’ailleurs...

Car les dernières européennes ont aussi de gros arguments ! La nouvelle RSV4 à l’architecture moteur peu commune et au châssis de folie est encensée et a fait ses preuves en Superbike,

dans les mains d’un certain Max Biaggi. La MV Agusta F4 1000 est parvenue à maturité, belle, jouissive et enfin
facile. La Ducati 1198, magnifique descendante de la mythique 916,

offre, entre autres arguments, des sensations rares. La KTM RC8 la joue placée mais un peu en retrait, avançant un look sans concession

et des performances de premier ordre. Et qui sait peut être verront nous enfin une nouvelle Triumph Daytona 1100 triple légère, performante et rigolote comme
sa petite soeur.
Au final je garderais
le gros twin goûtu de Bologne,

sur la première marche de mon podium grosses sportives. Je classerais la
S1000RR en seconde position et mettrais
la R1 2009 troisième.